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  • Vincent Boichard

Quand le Covid-19 balaie mes certitudes...




▶️ Vincent BoichardExpert des crises/executive coach HEC7 articles Depuis le début de cette crise je me questionne sur comment ai-je pu passer à côté de ce type de scénario de crise alors que j'ai été formé continuellement pour faire face à tous les types de crises de sécurité civile en France et dans le monde ? J'ai pourtant scénarisé nombre d'exercices afin d'entraîner mes sapeurs-sauveteurs au plus près de la réalité du terrain et pourtant je suis passé à côté. Plus de 20 ans à s'entraîner, à parcourir la France et le monde à m'enrichir de l'expérience de mes anciens, à lire, à observer les pratiques du monde des secours et je n'ai rien vu venir. J'ai pourtant été impliqué de près ou de loin dans les opérations pour faire face au H5N1, le H1N1 et Ebola. Comment expliquer cette zone d'ombre dans mon mode d'analyse, le cimetière de Diagoras comme le nomme Nassim Nicholas TALEB dans son livre "Le cygne noir" ? J'ai enfin compris d'où venait ce biais cognitif majeur qui m'avait empêché de voir, empêché d'imaginer, d'anticiper ce scénario. J'ai été formé et engagé dans des catastrophes majeures de sécurité civile où les milieux étaient déstructurés, tout ou partie des infrastructures étaient impactées par la ou les catastrophes de grande ampleur. Alors que dans cette crise sanitaire, rien n'est détruit et pourtant nous vivons l'une des pires crises contemporaines. Mon incapacité à avoir anticipé de cette crise repose sur le fait que même si tout dysfonctionne, rien n'est déstructuré: une catastrophe majeure alors que les infrastructures sont intactes. Mon biais cognitif m'a empêché d'anticiper intellectuellement ce type d'évènement car mon prisme, mon analyse des crises majeures reposait sur un postulat: la déstructuration massive des infrastrucutres. Quelques conclusions partielles me semblent importantes suite à cette prise de conscience :

  • L'expérience et le vécu opérationnel sont souvents sectoriels et ne suffisent donc pas à eux seul à analyser et anticiper ce type de crise, car son caractère "inédit" nous impose d'avoir une analyse "non conforme", pas uniquement basée sur l'expérience passée, mais une approche inter-service, multisectorielles, public-privé, experts-non experts...

  • L'imagination, les visions décalées, les essais empiriques doivent avoir toute leur place dans la réponse opérationnelle face à cette crise atypique.

  • Le jour d'après doit prendre en compte ce changement de paradigme dans les retours d'expériences, les planifications futures, tout en évitant un nouveau biais cognitif qui serait de croire que la prochaine crise majeure sera sans déstructuration des infrastructures majeures.

Ne faisons pas de cette crise la norme de la planification des futures réponses opérationnelles. Evitons ce nouveau biais cognitif car la prochaine crise sera peut-être toute aussi inédite et très différente. Pour l'instant restons mobilisés, imaginatifs et solidaires avec tous ces français en première ligne, pour sortir au plus vite de cette pandémie et que notre nation, que notre monde soit plus fort et peut-être différent.


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